Extraits en suspension en période de confinement…

Depuis le 19 mars, les Chiméristes de tous horizons prennent la plume ou transmettent des extraits!

Extraits du 28 mai – Pierre-Louis: Le confinement, le même pour tous, vraiment? et Irène Morizon: La révolte des oiseaux
Extraits du 11 mai ! – Edouard, Véronique
Enregistrement de la rencontre du 4 mai avec Agustin Casalia – 1h50

Extraits du 4 mai 2020 – 8 missives

Extraits du 15 au 27 avril 2020 – 9 témoignages

Extraits du lundi de Pâques! – Véronique, Mano, Marianne, lc.archi

Extraits du samedi 11 avril 2020 – Jean-Jacques, Marianne

Extraits du vendredi 10 avril 2020 – Irène, Marianne

Extraits du jeudi 9 avril 2020 – Marie, Véronique

Extraits du 7 mardi avril 2020 – Véronique, Marianne, Jean-Jacques

Extraits du vendredi 3 avril 2020 – Véronique, Anne-Marie, Marianne

Extraits du mercredi 1er avril 2020 – Véronique, Elodie, Jean-Claude, Catherine

Extraits du lundi 30 mars 2020 – Véronique

Extraits du dimanche 29 mars 2020 – Christine, Véronique

Sortons tous masqués – par Patrice François

Extraits du samedi 28 mars 2020 – Christian, Véronique

Extraits reçus le 27 mars 2020:

https://lachimerecitoyenne.org/2020/03/27/des-nouvelles-de-lassociation-fatanane/

(Texte envoyé par Chantal Morel le 26/03/2020)

Est-ce le signe que la planète nous remercie de bien moins la polluer que ce beau temps qui dure?
(photo envoyée par (Sylvie Berthemy – 25/03/2020)

Laisse tomber tes manières de guerrier
de Ben Hur
Retiens ton attelage
et prends bien les mesures
Si tu risques ta langue
ne sois pas si pressé
ne pousse pas tes craintes
renonce aux prétentions
regarde par en-dessous
dans les recoins, les bosses
dans ce qui trace les ombres
Pour tirer du bijou
la sève odorante
Offre-toi et dérive
(envoyé par Véronique Pédréro – http://poussieres.histoires.free.fr le 25/03/2020)

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(Envoyée par Bernadette Aubrée – 23/03/2020)
  • Session reportée…
    L’histoire commence dans une salle des ventes… où le vent s’engouffre par la grande porte ouverte. D’habitude, à cette heure-là, il y a là des cols remontés, des gants serrés dans des mains gelées, des yeux sur la pendule, dans l’attente. Et il y a, parmi tout ce fatras de choses et de gens, un homme tout en raideur, celui qui maniera le maillet tout à l’heure.Mais aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire. La salle des ventes est abandonnée, négligée de la présence de ceux qui vendent et de ceux qui espèrent faire de bonnes affaires. Un écriteau fixé à la hâte dit la session reportée jusqu’à une date indéterminée.
    Seul, immobile derrière la console où se fixent les prix, le drôle de bonhomme au drôle de métier. Il attend de potentiels visiteurs pour leur dire de vive voix que rien de ce qui était convenu ce jour ne se passera. Tête droite, manteau ajusté et cet air docte qui sied si bien aux gens qui exercent ce rôle. Il attend sans impatience le moment convenu où il pourra tourner la clef dans la serrure pour fermer. Mais le temps est bien long…
    C’est alors qu’une petite fille entre dans l’immense salle où les enfants ne viennent jamais. D’une main, elle tient un poupon de chiffons et de l’autre, elle suce son pouce. Elle s’engage dans l’allée centrale, avec un air déterminé. Puis arrivée près de l’homme, elle lui tend son baigneur qui a besoin d’être réparé. Lui se penche derrière la table, pose une boîte à couture sur le bois ciré. En sort une aiguille et du fil, bleu comme le regard de verre, puis ayant ajusté ses lunettes, il commence l’opération délicate qui consiste à rabibocher la poupée.
    Comme la môme, aviez-vous deviné qu’il était aussi couturier ?
    (Véronique Pédréro, le 23/03/2020)

Un poème de Guillevic écrit en 1948, période très angoissante pour le poète, dans un contexte de guerre froide avec le risque permanent de conflits planétaires. Guillevic ne peut presque plus écrire si ce n’est pour dire « que la Terre est faite pour que les hommes y vivent heureux ».

Au jour le jour
Un jour n’est pas un jour
Si la nuit ne te laisse au niveau du matin
Quand tu touches le jour.
Un jour n’est pas un jour
si les couleurs sont en retard
sur la lumière.
Un jour n’est pas un jour
si le linge aux fenêtres
a perdu la parole.
Un jour n’est pas un jour
si dans la rue rien n’est à même
de passer les voix aux jours à venir.
Si le bas du ciel
Ne dit : bientôt.
Un jour encore et c’est pour voir
Et pour aimer ces choses
qui auraient pu rester
pour toujours dans le noir
à ne pas être vues.
Un jour encore
pour voir le jour
tâter l’espace et le gagner.
Un jour pour approuver
ce que vaut la lumière
Et pour y faire
tout ce que c’est que vivre
un jour encore.

(Extrait de Guillevic, Terre à bonheur, Ed. Seghers envoyé par Géraldine H. – 23/03/2020)

Petit partage de pensée. Parce que parfois les mots permettent que mes pairs percutent. Parce que parfois l’image du père « cute » me les pète.
Promenant le petit dans sa poussette, certains se permettent, une petite parole gentille, un regard admiratif : Il promène le fils, repose la mère. Le Super Père… Putain de regards paternaliste, patriarcal. Admirez vous autant la mère ? Oui, elle se repose, elle le mérite, elle a tout fait, elle a souffert. Parfois j’en emplafonnerais bien une ou deux. Qui me demandent si elle peuvent « regarder ». C’est vrai que mon fils est une merveille… Mais combien de normes mal pensées ces regards colportent ? Panurge ne vous aurait pas renié !
Pour un père, passer du temps avec son fils, pourquoi est-ce si exceptionnel ? Parce que le pouvoir patriarcal cantonne les hommes à la conquête du monde. Mais à quoi bon être le maître du monde, si vous ne pouvez pas voir les merveilles de votre propre maison ? Pourquoi irais-je chercher une reconnaissance, inaccessible, dans le regard des autres, quand mon fils me l’offre ? Et pour un « prout » sur ses petits petons !
Étendons le congé paternité. Laissons le champ libre aux enfants pour combler d’admiration et d’amour des pères qui sinon partent, perdus, chercher cette admiration ailleurs. Pour abolir ce patriarcat pourri, commençons quelque part ! Profitions d’un pays en pause pour passer à autre chose. Profitons de ce congé forcé pour promouvoir le congé paternité.

(Nico – 23/03/2020)

Viens,
on va t’emmener dans un endroit où les abeilles dansent sur les fleurs,
un endroit où les toits des maisons sont amovibles,
un endroit où tu poseras tes dix doigts en les écartant bien comme ça.
Viens,
on va te délester de tes idées noires,
celles qui donnent le cafard.
On jouera à saute-moutons,
on n’aura pas à tuer le temps mais on le dévorera à pleins poumons.
On sera bourdons sur les pêchers écarlates, voraces et capricieux.
On éraflera nos peaux aux vents grainés de sel.
On portera nos yeux dans le dos et on ne se retournera pas.
On rebondira à tout va.
Quand on sentira la fatigue, on se posera sur un banc de galets dorés.
On s’offrira un bon bol d’air en regardant l’horizon.
L’aiguille de notre boussole droit sur l’ouest.
Le corps en apesanteur.
La bouche ouverte et sans colère.
Ce sera notre solstice, notre loi infaillible, notre prélude, notre mystère.
Pourquoi attendre ?
Viens !
(Véronique Pédréro, le 21/03/2020)

(Extrait de Habiter en oiseau de Vinciane Despret – Actes Sud – 2019 – envoyé par Alain)

Flamboyant
Flammes
Sans flancher
Sans fléchir
Flamboyance du geste
Flammes bord à bord
Sans fadaises
Sans fiduciaires
Fredaines atypiques
Fontaines arythmiques
Avec fièvre
Avec fougue
Déversons nos élans vivaces
Oscillons nos folies bergères
(Véronique Pédréro, le 20/03/2020)

     

« Côme était dans son yeuse. Les branches s’agitaient, ponts jetés très loin au-dessus du sol. Un léger vent soufflait et le soleil brillait au travers du feuillage. Pour apercevoir Côme, nous devions faire un abat-jour de nos mains. Côme regardait le monde du haut de son arbre : tout, vu de là, était différent. C’était un premier sujet d’amusement. L’allée apparaissait dans une toute autre perspective, et après elle les plates-bandes, les hortensias, les camélias, la table de fer sur laquelle on prenait le café dans le jardin. Plus loin, les chevelures des arbres étaient de plus en plus clairsemées, les potagers devenaient de petits champs échelonnée, soutenus par des murs de pierre; le dos de la colline, plus sombre, était couvert d’oliveraies; derrière, le hameau d’Ombreuse offrait ses toits de brique et d’ardoise; en bas, on voyait pointer les antennes des bateaux : là se trouvait le port. Tout au fond c’était la mer, haute sur l’horizon; lentement passait un voilier. « 
« Dans le jardin des Rivalonde, les branches se tendaient comme des trompes d’éléphants fabuleux; on voyait sur le sol s’ouvrir en étoile des feuilles découpées à grands pans dans une verte peau de reptile; des bambous jaunes et légers ondulaient avec des froissements de papier. Fiévreusement avide de savourer ce vert si différent de tous les autres, cette lumière étrange qu’il tamisait, et ce silence inhabituel, Côme, du plus élevé des arbres, se laissait pendre la tête en bas ; et le jardin, à lever, devenait forêt, non plus forêt terrestre, mais quelque monde inexploré. » »La prison était installée dans une tourelle au bord de la mer ; auprès, poussait un fourré de pins maritimes. du haut d’un de ces pins, Côme arrivait presque au niveau du cachot de Jean des Bruyères et voyait son visage appuyé contre la grille.Le brigand se souciait peu des interrogatoires et du procès ; de toute façon, il serait pendu. son tourment c’était ces journées creuses qu’il passait en prison, sans rien lire, et ce roman qu’il avait dû laisser au beau milieu.Côme réussit à se procurer un autre exemplaire de Clarisse et l’apporta sur le pin.
– Où en étais-tu ?
– Quand Clarisse se sauve de la maison de rendez-vous ! Côme feuilleta un instant le livre. Ah oui… voilà.  Donc…« 
(2 extraits envoyés par Isabelle – Baron perché – Il baron rampante- Giulio Einaudi Turin 1957, traduction française Seuil 1960)

  • C’est étrange ce moment. Une suspension dans le temps et dans l’espace. Une solitude qui s’avère un rarissime privilège. Et puis au rythme des pas qui accentuent cette jouissance, on ressent que ce recueillement ne s’apprécie que si l’on se sait entouré de ceux qu’on aime.
    (Sylvie)
  • Séquestration.
    Sans négociation le corona virus a fait sa mondialisation
    A nos dépends, sans égard, sans peiner,  ayant 7 milliard d’individu
    Pour jouer à saute mouton, ceci doit être jubilatoire
    Et il est tenace comme un syndicaliste qui milite pour défendre sa revendication
    Rien ne sert de temporiser, c’est la peste, huilons nos bombardes  pour jouer l’air de la guérison,
    Aride mais drolatique situation
    Que nos séquestrations  volontaires
    Que cette privation de liberté,
    Que cette tenace peur de la mort
    Que le dolent unau observe de sa branche en grattant ses puces

    (Jean-Jacques Mazet dit MADIA – séquestré volontaire 11éme jour)
  • Prendre audace des creux
    des pics
    de la désordonnance
    du monde
    Gagner en altitude
    Atteindre le sommet
    Ne poser que ses deux pieds
    Sans crainte de basculer
    Même si on se sent fatigué-e
    Gober la légèreté de l’Extrême
    Ébruiter le temps qui s’éveille
    Inventer les aubes nouvelles
    (Véronique Pédréro – 19/03/2020)
Terminé juré craché 😏🤔 Henri (19/03/2020)
  • Je suis sortie.
    Sur la pointe des pieds.
    Je suis sortie.
    Le soleil tapait trop fort sur la vitre.
    Une invite.Je suis sortie.Pas longtemps.
    Mais je suis sortie.
    Et l’arbre, L’arbre solitaire de la rue, L’arbre si nu de tout l’hiver, était décoré de petites pousses vertes.
    Déjà !Je l’ai mis de côté dans mon cœur,
    Pour le faire entrer dans ma maison. 
    (Anne Marie – 19/03/2020)
  • Au pied de la falaise.
    J’ai une tendance naturelle au confinement.  Maintenant que c’est devenu une règle de vie pour tous, je sors une fois par jour. J’emprunte les sentiers qui partent de la maison et grimpent vers la falaise. Je n’emporte pas de certificat. Aucun policier ne me croira si je lui dis que je vais au supermarché. Ce matin pourtant, quelqu’un a surgi dans la pente. C’était un jeune homme en VTT. Il est passé à ma hauteur et m’a salué. Flamboyant. J’ai baissé la tête, pincé les lèvres, suspendu ma respiration. Une minute s’est écoulée avant que je dise :  « Bonjour ». C’est bizarre un homme seul qui dit bonjour au pied d’une falaise. Le chemin s’est infléchi sur la gauche, presque horizontalement. Je pensais au jeune homme. « Ce doit être un porteur sain », me dis-je, moi qui suis un sujet à risque. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il était flamboyant. Bien sûr, la fac est fermée, il est libre, il ne craint rien, il chevauche. Normal. Devant moi, un papillon jaune paille papillonnait avec une papillonne jaune d’or. Ils volaient très près l’un de l’autre sans se toucher. C’était chromatique, cinétique, érotique. Une fantasia. De temps en temps ils se posaient et leur ailes prenaient la couleur de l’herbe. Puis ils repartaient comme une seule et même fleur jaune échevelée. Je me suis efforcé de suspendre la rêverie que m’inspirait cette persévérance sexuelle. Est-ce que papillonner c’est harceler, je me suis demandé. Puis j’ai repensé au cycliste. J’ai compris soudain ce que signifiait son sourire flamboyant : « C’est moi qui ai le virus et c’est toi qui va mourir ». Je mourrai seul, dans un couloir, le nez dans un respirateur chinois, sous le regard d’une aide soignante maghrébine en larmes et sans masque, juste un mouchoir à usage unique. « Et hop, direct dans le cercueil », elle a dit dans la vidéo sur internet. J’ai pensé que j’allais mourir à cause du virus du cycliste flamboyant et que j’allais lui laisser une dette. Il ne  pourrait même pas la rembourser au cours de sa vie, il en laisserait à ses enfants. « La dette sera encore plus grande après le virus », a dit le ministre de l’Économie. Je me voyais enterré dans une tombe fendue comme une tirelire, où le cycliste viendrait tous les jours jeter des pièces avec ses enfants. Une monnaie trébuchant sur mes osselets au fond de la boîte. Je ne comprends pas grand chose à l’économie mais j’ai compris ça : nous, les sujets à risque, on va laisser une dette aux porteurs sains. Le papillon jaune paille est réapparu. Il cherchait sans doute la papillonne jaune d’or. Demain, je retournerai vers la falaise comme tous les jours depuis que je suis confiné.
    (Jean-Pierre Poinas – 19/03/2020)
  • Oui, il y a de la peur. Oui, il y a de l’isolement. Oui, il y a de la panique. Oui, il y a la maladie. Oui, il y a même la mort. Mais,Ils disent qu’à Wuhan après tant d’années de bruit. Vous pouvez à nouveau entendre les oiseaux. Ils disent qu’après seulement quelques semaines de calme. Le ciel n’est plus épais de fumées. Mais bleu et gris et clair. Ils disent que dans les rues d’Assise. Les gens chantent. A travers les espaces vides, gardent leurs fenêtres ouvertes pour que ceux qui sont seuls puissent entendre les bruits de la famille autour d’eux. Ils disent qu’un hôtel dans l’ouest de l’Irlande. Offre des repas gratuits et la livraison à la maison. Aujourd’hui une jeune femme que je connais est occupée à diffuser des dépliants avec son numéro à travers le quartier. Pour que les anciens aient quelqu’un à appeler. Aujourd’hui Églises, synagogues, mosquées et temples se préparent à accueillir et abriter les sans-abri, les malades, les fatigués. Partout dans le monde, les gens ralentissent et réfléchissent. Partout dans le monde, les gens regardent leurs voisins différemment.Partout dans le monde, les gens s’éveillent à une nouvelle réalité. À quelle importance nous sommes vraiment. À quel peu de contrôle nous avons vraiment. Pour ce qui compte vraiment. Aimer. Alors nous prions et nous nous souvenons que Oui, il y a de la peur. Mais il ne doit pas y avoir de haine. Oui, il y a de l’isolement. Mais il ne doit pas y avoir de solitude. Oui, il y a de la panique. Mais il ne doit pas y avoir de méchanceté. Oui, il y a la maladie. Mais il ne doit pas y avoir de maladie de l’âme. Oui, il y a même la mort. Mais il peut toujours y avoir une renaissance de l’amour. Réveillez-vous avec les choix que vous faites quant à la façon de vivre maintenant. Aujourd’hui, respire. Écoutez, derrière les bruits d’usine de votre panique. Les oiseaux chantent à nouveau. Le ciel se dégage. Le printemps arrive. Et nous sommes toujours entourés d’Amour. Ouvre les fenêtres de ton âme. Et bien que vous ne puissiez pas. Vous toucher à travers la place vide. Chantez.
    (poème du frère Richard Hendrick -moine capucin irlandais, famille franciscaine- envoyé par Elisabeth Martini – 19/03/2020) 
  • Voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du « goût » pour tout, pour les autres, pour la vie.
    (Christian au Burkina Fasso – 19/03/2020)
  • J’ai retenu un paysage. Celui du plateau de Sornin, entre Autrans et Engin que je peux observer chaque jour de la fenêtre de la chambre. Cette photo est celle du hameau de Sorlin juste un peu en dessous à l’est. On peut l’atteindre par un chemin forestier depuis l’église d’engin, à pieds, en raquette ou en ski.
    Le plateau du Sornin est assez magique, surtout l’hiver, avec de la neige. J’en ai fait le tour avec ses forêts couvertes de givre. J’ai souvent traversé le plateau et sa foret très dense sur un terrain de lapiaz et de trace « paumatoire». Seul et sans trace il mieux vaut bien connaître car les repaires sons rares. Je l’ai traversé ainsi quelques fois pour rejoindre le plateau de la Molière. Suite à une pluie verglaçante, c’était comme une cathédrale de verre que je découvrais.
    Vu de Grenoble le Sornin est la première météo du jour, enneigé ou pas avec ou sans nuage. Il présage bien du devenir de la journée.
    Depuis le hameau de Sornin, pour trouver l’entrée de la forêt, c’est un questionnement de chaque pas, c’est une mise en tension une vigilance quelque peu magique. Une bonne heure pour trouver les clairières puis la trace humaine du ski de fond sur la Molière.
    Par contraste le hameau de Sornin est un havre de paix, un équilibre, une harmonie qui réchauffe le cœur. C’est pour moi un moment de méditation contemplative l’atteindre et puis revenir peut suffire aussi. Je l’ai peint en diverses saisons. Mais celle que je préfère est en fin de l’hiver avec encore quelques plaques de neige.
    C’est le paysage juste, en légère tension vers la verdure qui engendre la sérénité de l’instant et du printemps qui advient. Le temps comme l’air n’a plus d’épaisseur. C’est la légèreté même. Pouvoir partager cet instant de plénitude est sublime.

    (Jean Claude – 19/03/2020)
  •  » J’ai beaucoup appris de ma pratique de l’alpinisme. L’amplitude de la jouissance est parfois directement liée aux difficultés dépassées et aux peurs surmontées. La difficulté qui s’annonce, même lorsqu’elle est très impressionnante, ne doit pas nous plonger dans la résignation, le désespoir ou l’abdication: elle intervient pour nous révéler à nous-même notre capacité d’audace et d’inventivité. Et aussi notre courage. Sans doute d’ailleurs, le temps est-il vraiment venu d’être courageux.  »
    (Sauvons le progrès, Etienne Klein, dialogue avec Denis Lafay, 2017, L’aube)
  •  » En quelque sorte, le sensualisme de Condillac prend en chacun de nous tout son sens. Le monde existe à travers nos sens avant d’exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l’existence cette faculté créatrice de sens: voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du « goût » pour tout, pour les autres, pour la vie. »
    (Le sel de la vie, Françoise Héritier, 2012, Odile Jacob)
  •  » Nous avons besoin d’utopies, de récits, de héros et d’anti-héros, de pirates et d’aventurières. De mots qui viennent se superposer aux statistiques, aux concepts, aux pourcentages, aux degrés, et les incarner. Qui viennent décadrer le réel et éprouver nos sens. Qui apportent au monde un supplément de poésie et de sensibilité. « 
    (La fiction comme nourriture à l’action, Corinne Morel Darleux, Hors-série Socialter « Le réveil des imaginaires »)

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