Bonjour à tous,
Il est encore temps de vous, de nous souhaiter une bonne année 2021. Une nouvelle année, c’est de nouveaux espoirs, c’est être heureux à l’idée de vivre. Pour la débuter du bon pied, l’équipe de La Chimère vous invite à une rencontre mensuelle. La première aura lieu en visio le samedi 13 février de 13h30 à 15h en présence d’Etienne Klein, physicien philosophe. Il nous a fait le plaisir d’accepter notre invitation pour échanger autour de son livre Le goût du vrai (Gallimard Collection Tracts).
Lien ZOOM: https://us02web.zoom.us/j/5571546188
EVENTBRITE: https://www.eventbrite.fr/e/billets-rencontre-echange-avec-etienne-klein-140470566245
« Lorsque, d’un côté, l’inculture prend le pouvoir, que, de l’autre, l’argument d’autorité écrase tout sur son passage, lorsque la crédibilité de la recherche ploie sous la force de l’évènement et de l’opinion, comment garder le goût du vrai – celui de découvrir, d’apprendre, de comprendre? » (extrait de la 4ème de couverture)
Je profite de la nouvelle année pour vous dire un petit mot concernant l’association Dialogues et le Chimère Café, qui est actuellement fermé. Notre activité est moins visible mais reste néanmoins très active. Elle se partage en trois temps: la recherche de soutiens financiers pour « tenir » malgré la fermeture administrative et les conditions sanitaires que l’on connait (-> pensez à prendre votre adhésion 2021!); le soutien à un certain nombre d’entre nous qui connaissent des difficultés et fragilités; la poursuite enthousiaste des différents projets, petits et gros, que nous portons. Parmi ces projets, le « Collectif des 15 » (qui a programmé avec la librairie Arthaud la rencontre du 13 février avec Antoine Klein) continue son travail « Chronique d’un été soixante ans après« .
Enfin, je vous transmets ci-dessous un petit cadeau avec la lettre de Nikos Precas, ami et écrivain (« Athènes en ruine », éditions Brandon et Cie).
Elisabeth le 28 janvier 2020
« Je vous appelle
Chers tous.
Ces deux mots ne me quittent plus. Tous, oui tous, vous ne m’avez jamais été si chers que maintenant. Pour la première fois je vois la beauté de ce mot, je le laisse toucher mon cœur, le réchauffer.
J’étais loin de vous aimer tous. Je vous aimais de moins en moins. Je trouvais que vous étiez trop nombreux, alors que j’étais tout seul. Vous étiez partout encombrant l’espace par le nombre. Il y en avait toujours un là où il ne fallait pas, dans l’ascenseur, dans le bus, au café, au travail…
Toujours innombrables , allant là où j’allais, désirant ce que je voulais et moi, toujours seul. Plus je voulais être seul moins c’était possible, ma forteresse était assaillie de partout, tout le temps.
Je me trouvais au centre de mes préoccupations, unique souci de toute ma vie. Un seul objectif, mieux être seul. J’étais devenu autonome, responsable, compétent, organisé, pragmatique, je pouvais décemment espérer qu’on me laisse tranquille, qu’on reconnaisse l’axe autour duquel le monde devait tourner.
Plus je devenais moi-même plus la société, les autres, devenaient superflus. Il n’y avait plus rien à partager; tous devaient consacrer leurs vies à servir la mienne.
Avant même que le virus ne nous sépare, je m’étais séparé de vous. Je pouvais vivre sans vous. J’avais une vague idée de vos préoccupations, une idée devenue fiction, devenue image sur les écrans et c’était suffisant.
Mais depuis que vous n’êtes plus, depuis que vous êtes devenus des ombres rasant les murs, depuis que l’ascenseur, le bus, le bureau se sont vidés, depuis que les gestes barrières nous éloignent, depuis que les masques altèrent vos voix et effacent vos visages, vous me manquez.
Je vous cherche sur mes écrans mais je ne trouve personne. J’ouvre ma fenêtre et je vous appelle mais l’écho de ma voix est la seule réponse.
Où êtes-vous ?
Je n’arrive plus à m’aimer. Je n’arrive plus à m’aimer tout seul, sans vous. Vous tous, revenez s’il vous plaît dans ma vie. Collez-vous contre moi dans l’ascenseur, envahissez-moi avec vos parfums dans le métro, soyez désagréables, arrogants, futiles…
Je vous appelle.
Chers tous, je ne suis pas grand-chose, mais je sais que je ne peux pas vivre sans vous.
Nikos Precas«